vendredi 21 mars 2014

Développement agricole: l'Afrique veut maintenir sa dynamique de croissance


Par Marie-Noëlle Guichi
A Durban
Afrique du Sud

Depuis 2003 où le Programme détaillé pour le développement de l'Agriculture africaine a été mis sur pied, le PIB agricole a augmenté en moyenne de près de 4% sur le continent. Un record de croissance qui demeure loin de l’objectif de 6% que les leaders africains se sont fixés au lancement dudit programme. Beaucoup reste donc à faire dans cette Afrique qui présente un profil faible en matière de sécurité alimentaire, avec un quart de sa population identifiée comme sous alimentée.


Une vue des participants
La 10ème réunion de la plate-forme de partenariat du PDDAA ouverte mardi, 18 mars 2014 à Durban, en Afrique du Sud permet à quelques 500 délégués venus de tous les coins du continent Africain de mener une réflexion approfondie sur l'Afrique de demain, au plan agricole. Leurs travaux ont pour thème: «transformer l'agriculture africaine en vue d'une prospérité partagée et un revenu amélioré, en s'appuyant sur les opportunités de croissance inclusive et de développement durable".

C'est que, cette année 2014 a été déclarée «année de l'agriculture et de la sécurité alimentaire» par l'Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l'Union Africaine en 2012. Les acteurs du secteur agricole africain réunis à Durban, profitent du 10ème anniversaire du PDDAA (en réalité 11 ans, puisqu'il a été créé en 2003 à Maputo au Mozambique), pour faire le bilan. L’objectif fixé à la naissance du PDDAA étant d'amener chaque pays africain à y adhérer en signant le pacte d’abord; et puis consacrer au moins 10% de son budget à l'agriculture, afin d'atteindre annuellement une croissance d'au moins 6% dans le secteur agricole.

Des acteurs attentifs
Des pays modèles
Au moment où le PDDAA (en anglais CAADP= Comprehensive Africa Agriculture Development Programme) s'arrête, à la faveur de ses dix ans d'existence, pour examiner le chemin parcouru depuis lors, le constat est plus ou moins encourageant selon les officiels qui se sont succédés au podium lors de la cérémonie d'ouverture de ce forum continental annuel: 50 des 54 pays africains ont lancé le processus du PDDAA. Pour eux, c'est un exploit. Car seuls manquent à l'appel le Botswana, la Tunisie, l’Érythrée et le Sahara Occidental. 40 pays ont déjà signé le pacte du PDDAA, marquant par là leur engagement à atteindre les objectifs cités plus haut. Les pays africains non encore signataires mais engagés dans le processus du PDDAA sont le Gabon, la Namibie, la Somalie, l’Algérie, le Zimbabwe, le Soudan, le Tchad, l’Égypte, la Libye et le Congo-Brazzaville.

A ce jour, seulement 28 pays ont effectivement adopté un plan d'investissement devant leur permettre de réaliser ces objectifs. Une quinzaine de pays ont atteint ou même dépassé la consigne de 10% de leur budget national affecté à l'agriculture. Ces pays qui sont comme des modèles aujourd’hui sont entre autres, l’Éthiopie, le Kenya, le Burkina Faso, le Ghana, le Burundi, la Tanzanie, le Mali, le Mozambique, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Sierra Léone, le Malawi et…la République Centrafricaine d’avant la crise politique.


Les officiels après leurs discours d'ouverture

Le Cameroun à la traîne

Le Cameroun qui n'accorde que 3% de son budget à l'agriculture est loin du compte. Même s'il peut se féliciter aujourd'hui d'avoir enfin signé le pacte. C'était il y' a à peine dix mois, précisément le 17 juillet 2013. C'est-à-dire une décennie après la création du PDDAA. Plusieurs étapes lui restent encore à franchir, pour figurer un jour parmi ces pays qui réalisent avec succès la vision énoncée au lancement du PDDAA par les chefs d’États et de gouvernement de l’Union Africaine.

La rencontre du Durban, où le Cameroun est représenté par des cadres du Minader et du Minrext, des membres de la société civile et des acteurs du secteur agricole, se présente comme l'occasion idoine pour ses plénipotentiaires, de copier les bonnes pratiques. Tant les assises donnent la possibilité aux acteurs étatiques et non étatiques d'interagir, d'exprimer leurs points de vue sur ce qui fonctionne ou pas, de faire de nouvelles orientations et de redéfinir les objectifs pour la prochaine décennie. 


Ce Forum rassemble les acteurs de l'agriculture africaine - allant des gouvernements au secteur privé en passant par les organismes internationaux de développement, l'Union africaine, la société civile et les communautés économiques régionales. Il est question pour ce beau monde de repositionner l'agriculture comme moteur de transformation en Afrique.